Parent influent : Josée Lebel

🎄 Pour ce mois de décembre, nous sommes heureux et heureuses de mettre en lumière Josée Lebel, une enseignante passionnée de sciences et mère engagée de la communauté francophone. Enseignante de formation, elle a lancé il y a plusieurs années une entreprise de consultation pédagogique et vient tout juste de soutenir sa thèse de doctorat portant sur l’enseignement des sciences en milieu minoritaire francophone, avec un intérêt particulier pour le dialogue exploratoire en classe.

Maman d’une fille qui entame cette année ses études universitaires en psychologie à l’Université d’Ottawa, Josée a vécu un parcours singulier en cheminant dans ses propres études doctorales en parallèle avec la croissance scolaire de son enfant, qui a complété son secondaire au Conseil scolaire Franco-Nord.

Très impliquée dans la vie communautaire et scolaire, Josée a aussi été active dans trois provinces et autant de conseils scolaires, découvrant différentes approches éducatives. Aujourd’hui installée à North Bay, elle aime contribuer à la vitalité locale, que ce soit en jouant au volleyball, en découvrant le pickleball ou en participant aux activités communautaires.

J’ai toujours eu la conviction que nous pouvons être acteurs de notre propre destin, que notre engagement peut transformer nos vies autant que celles des autres.

Josée Lebel

De quelle façon êtes-vous un parent engagé?

Même avant d’avoir un enfant, je m’engageais déjà auprès d’organismes communautaires et provinciaux, selon mes champs d’intérêt et mes compétences.  Lorsque ma fille a entamé son parcours scolaire au sein du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique à Vancouver, il n’y avait aucun doute que j’allais m’impliquer comme parent engagé. À l’école de ma fille, la structure du comité de parents était particulière : tous les parents de l’école pouvaient assister aux rencontres mensuelles et la relation entre la direction et les parents n’était pas seulement une de consultation. Les décisions se prenaient vraiment en collaboration et nos priorités étaient valorisées. Les parents étaient sollicités pour leurs préférences et leurs compétences, ce qui nous a permis d’achever des objectifs hors pair, tels qu’amasser des fonds pour bâtir un terrain de jeux et organiser des spectacles. 

C’est aussi à ce moment que j’ai commencé à animer des ateliers de sciences pour les jeunes, une activité qui me passionnait depuis longtemps grâce à mon expérience professionnelle dans les centres de sciences et de l’animation d’ateliers auprès des enseignant(e)s. Ces gestes-là créent des liens très forts, non seulement avec la communauté scolaire, mais aussi avec nos enfants, qui adorent nous voir impliqués à l’école (au début de leur parcours scolaire du moins!). Par la suite, peu importe où nous avons déménagé, je me suis toujours jointe aux conseils d’école ainsi que dans le milieu communautaire : juge de foires scientifiques et concours, bénévole dans des équipes sportives, registraire du club de ringuette à North Bay.

Pour moi, l’engagement, c’est une façon d’être branchée à l’environnement de mon enfant, de savoir ce qui s’y passe et surtout d’avoir une voix. Je ne voulais pas seulement me plaindre des conditions ou rester spectatrice — je voulais faire partie de la solution.

Quelles sont les raisons qui motivent votre engagement?

La première raison, c’est bien évidemment mon enfant. Je dois avouer que mon engagement ne vient pas seulement d’une perspective altruiste : il y a aussi un côté un peu égoïste, dans le sens où je veux avoir une voix, partager mes opinions, améliorer le système et y apporter ma petite touche personnelle.

Souvent, mon engagement s’aligne avec des besoins très concrets. Au début de chaque année scolaire, j’approchais l’enseignant(e) pour lui demander quel module de sciences il ou elle aimait le moins enseigner. Je lui offrais par la suite de coanimer ce module et de lui préparer une trousse pédagogique avec guide d’animation à ré-utiliser dans les années à venir.  J’ai opté pour le rôle de registraire dans le club local de ringuette, car c’est un domaine dans lequel je possède des compétences qui m’ont permis d’implanter un nouveau système d’inscription en ligne. 

Depuis mon enfance, j’ai développé un grand intérêt pour la création d’expériences enrichissantes. Cette passion a été cultivée grâce à l’inspiration de divers animateurs(trices) de camps de vacances et de l’équipe éducative de la FESFO pendant mes années au secondaire. Ces expériences ont laissé en moi des souvenirs inoubliables. Pour moi, offrir des expériences riches en français a beaucoup plus de valeur que des cadeaux matériels. Cela correspond à mes convictions profondes et me procure une grande joie. J’ai toujours eu la conviction que nous pouvons être acteurs de notre propre destin, que notre engagement peut transformer nos vies autant que celles des autres. 

Il y a aussi une dimension communautaire et identitaire importante. Je me rappelle que ma mère s’impliquait régulièrement auprès d’organismes communautaires en soirée, puisqu’elle travaillait hors du foyer le jour.  En revanche, je voulais que ma fille découvre ce côté de ma personnalité et en tire une influence positive, une transmission de certaines valeurs.  J’ai été heureuse de la voir, à son tour, s’engager dans les domaines qui l’intéressaient, comme coach de ringuette et ambassadrice à l’école secondaire.

Bref, chaque engagement est lié à un besoin ressenti, à une expérience vécue, et à ce désir constant de créer un impact positif autour de moi.

Quels conseils souhaitez-vous donner aux parents de votre communauté?

Être parent engagé, ce n’est pas seulement soutenir son enfant, c’est aussi agir comme modèle et contribuer à renforcer la communauté.  Je crois qu’il faut se rappeler que l’engagement parental n’a pas besoin d’être spectaculaire pour apporter de la valeur. Cela peut consister à aider à l’organisation, mais aussi à participer activement aux activités, afin de montrer son appréciation pour le travail des organisateurs(trices). On peut aussi approcher d’autres parents pour aider à passer le mot.

Quand une école ou une communauté lance un appel à l’aide, il ne faut pas simplement se dire que ça ne nous tente pas ou que “mon enfant ne veut pas que je participe.”  C’est à partir de la quatrième année  que ma fille a commencé à être très consciente du fait que ma présence pourrait potentiellement “être gênante.”  J’ai aussi constaté, en parlant aux autres parents, que presque tous nos enfants nous disent à un moment donné qu’ils et elles ne veulent pas que l’on vienne parce que “ce serait gênant.”  C’est important, selon moi, que l’on respecte les préoccupations de son enfant en minimisant les actions qui pourraient les gêner sur place (ex. insister qu’elle vienne te faire un gros câlin devant tout le monde!).  En même temps, je crois qu’il faut aussi leur expliquer la valeur que nous avons, puisque, sans l’engagement des parents, il n’y aurait pas autant de sorties scolaires ou d’autres activités amusantes.  

Ce sont souvent les mêmes parents qui se proposent comme bénévoles, ce qui peut mener à l’épuisement. Pour que l’engagement soit durable, il doit résonner avec nos passions et nos valeurs.  Il est important de communiquer au comité des parents, à l’enseignant(e) de son enfant ou à la direction ses passions, ses centres d’intérêt et ses habiletés.  Il ne faut pas hésiter à apporter sa propre saveur : parfois, ce que l’on propose est une idée à laquelle personne n’avait encore pensé. En fin de compte, je dirais qu’il ne faut pas attendre d’être invité : proposez-vous, faites part de vos disponibilités, soyez actifs dans la recherche de solutions. Chaque geste, petit ou grand, fait une réelle différence.

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