Dans le premier bulletin de l’année 2023, nous avons le plaisir de vous présenter, en collaboration avec la Nation métisse de l’Ontario (NMO), Pierre Lefebvre, père de quatre enfants et grand-père de trois petits-enfants. Deux de ces petits-enfants fréquentent une école du Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières (CSCDGR).
Aujourd’hui à la retraite, Pierre, de nature polyvalente, a occupé plusieurs emplois au cours de sa carrière professionnelle, dans le secteur public comme dans le secteur privé. Nous souhaitons souligner sa contribution à la communauté francophone et métisse de sa région. Œuvrant toujours à améliorer les conditions de vie des francophones ainsi que des Métis, Pierre s’implique auprès de la Nation métisse de l’Ontario, mais aussi activement dans la vie de ses petits-enfants.
De quelle façon êtes-vous un parent engagé?
Originaire du Québec, je suis résident de Timmins et je me décris comme un fier Franco-ontarien. Dans le passé, j’ai occupé plusieurs fonctions au sein du gouvernement de l’Ontario, puis j’ai intégré la Nation métisse de l’Ontario (NMO). De nos jours, je continue de m’impliquer bénévolement auprès de la NMO et je m’occupe de veiller au fonctionnement du bureau à Timmins.
Je m’engage activement dans la vie de mes petits-enfants afin de leur transmettre l’amour de la culture francophone et métisse. Puisque je suis marié à une femme croate, ma famille a toujours vécu à l’intersection de plusieurs cultures. Mon ménage est plurilingue et j’essaie de garder en vie cette pluralité et cette richesse.
Puisque les parents de mes petits-enfants (soit mes enfants) travaillent à temps plein, j’essaie de passer le maximum de temps avec ces derniers parce que je suis un fervent croyant qu’élever les enfants, c’est une responsabilité partagée qui va au-delà des parents. Il faut tout un village pour élever un enfant et j’aspire à contribuer à ce village. Je passe du temps individuellement avec mes petits-enfants pour leur inculquer l’importance et l’amour de la langue et de la culture françaises. J’ai remarqué que mes petits-enfants avaient plus de facilité avec l’anglais. J’ai donc décidé de prendre les rênes et de leur transmettre les cultures française et métisse, qui sont aussi les leurs.
Par ailleurs, j’implique mes petits-enfants dans mes activités routinières telles que la chasse et la cuisine. La culture se transmet beaucoup à travers les traditions, les pratiques et les mets du quotidien. Je leur montre comment cuire les légumes et comment préparer la viande, etc. Je veux vraiment qu’ils comprennent le mode de vie des Métis ainsi que des francophones.
De plus, j’accompagne mes petits-enfants aux évènements culturels, aux concerts et aux présentations tenus par l’école. Avec ma conjointe, nous avons récemment participé à un concert organisé par l’école de mes petits-enfants.
Finalement, je les encourage fortement à participer aux activités de la Nation métisse de l’Ontario pour qu’ils interagissent avec leur culture métisse.
Quelles sont les raisons qui motivent votre engagement?
Plusieurs raisons motivent mon engagement auprès de mes petits-enfants. La première est le fait qu’il est facile de perdre sa langue maternelle. Puisque j’ai beaucoup travaillé dans le milieu anglophone, je parlais plus souvent anglais que français. Laissez-moi vous dire qu’il est très facile de perdre la langue française… J’ai moi-même presque perdu ma langue maternelle à un moment donné de ma vie.
C’est lorsque je suis devenu père que j’ai décidé de préserver ma langue française ainsi que ma culture de façon plus active. J’ai donc introduit dans notre routine des éléments représentatifs de nos traditions culturelles, que ce soit la culture francophone, métisse ou encore croate.
Je souhaite réellement que mes petits-enfants grandissent en ayant appris l’importance de leurs différentes cultures et comment celles-ci contribuent fortement à leur épanouissement. Leur mélange de cultures est une richesse qu’il faut entretenir. Bref, je travaille fort pour garder la culture en vie! Je suis un Métis francophone : c’est mon identité ainsi que celle de mes petits-enfants. Il est important qu’ils en soient conscients.
Enfin, l’aide communautaire me tient vraiment à cœur. J’œuvre donc pour aider les personnes de ma communauté. Par exemple, les conditions de vie des personnes métisses de ma région ne sont pas optimales. Leur venir en aide et contribuer à améliorer leurs conditions de vie me procurent un sentiment d’accomplissement. Aucune personne ne devrait avoir à faire le choix entre se nourrir ou se loger.
Quels conseils avez-vous pour les parents?
La langue est une composante fondamentale de l’identité et de la culture d’une personne. Cependant, cette dernière ne se résume pas qu’à cela. Il est important de transmettre à nos enfants la compréhension de la culture. Les traditions, les pratiques, les coutumes, les histoires, les contes et les éléments du quotidien sont ceux qui sèment l’attachement et l’appartenance.
J’encourage les parents et les grands-parents à inclure leurs enfants ou leurs petits-enfants dans les activités du quotidien. Vous partez à la chasse? Pourquoi ne pas prendre les enfants avec vous! Vous préparez un mets traditionnel? Pourquoi ne pas inviter les enfants à vous rejoindre dans la cuisine! C’est en faisant vivre la culture à vos enfants que vous laisserez une empreinte dans leur cœur et leur esprit. Il est très important de ne pas perdre les traditions. C’est en contant que nous transmettons nos savoirs. Par exemple, chez moi, le réveillon de Noël est un moment propice pour rassembler toute la famille autour d’un bon repas, et pour parler de nos cultures et de notre héritage.
«Il est important de transmettre à nos enfants la compréhension de la culture. Les traditions, les pratiques, les coutumes, les histoires, les contes et les éléments du quotidien sont ceux qui sèment l’attachement et l’appartenance.»
Pierre Lefebvre