
Ce mois-ci, à l’occasion de la Semaine de la santé mentale et de la Fête des Mères, nous sommes ravi(e)s de présenter Sylvie Noutie, une mère dévouée et une véritable référence en matière de santé mentale parentale et infantile. Maman de cinq enfants, dont quatre fréquentent les écoles des conseils scolaires Viamonde et MonAvenir, Sylvie gère de manière exemplaire les exigences de sa vie familiale et de sa carrière passionnante.
Travailleuse sociale de formation, elle est aujourd’hui consultante en prévention et intervention précoce en santé mentale scolaire auprès de Santé mentale en milieu scolaire Ontario, tout en poursuivant des études de 2e cycle en santé mentale à la TELUQ. Son engagement pour le bien-être des familles l’a également menée à écrire un livre, J’ai essayé de te dire, maman, qui aborde avec sensibilité les souffrances internalisées des enfants et l’impact de la parentalité sur leur équilibre émotionnel.
À travers son travail et son expérience personnelle, Sylvie œuvre sans relâche pour mieux outiller les parents et les personnes aidantes naturelles, afin de bâtir un environnement bienveillant et équilibré pour les jeunes. Son parcours inspirant fait d’elle un modèle de résilience et de leadership parental. 🌿💙
Pour mieux prendre soin de nos enfants, nous devons aussi prendre soin de nous-mêmes… Se préserver, c’est aussi mieux soutenir ceux qu’on aime
Sylvie Noutie
De quelle façon êtes-vous un parent engagé?
Mon engagement commence d’abord dans ma propre famille. J’ai choisi de faire les choses autrement avec mes enfants, en brisant certaines habitudes traditionnelles que j’ai moi-même reçues. Pour moi, il est essentiel de reconnaître les droits des enfants, de leur donner une voix et de ne pas simplement leur imposer des décisions sans explication. J’accorde beaucoup d’importance aux conversations ouvertes, même sur des sujets souvent considérés comme tabous, comme la sexualité. C’est en abordant ces discussions avec transparence et bienveillance que mes enfants savent qu’ils peuvent venir me voir lorsqu’ils ont des préoccupations. De plus, lorsqu’une conséquence doit être donnée, je prends toujours le temps de leur expliquer pourquoi afin qu’ils comprennent, plutôt que de simplement subir.
Sur le plan communautaire, ma passion pour la santé mentale m’a amenée à m’impliquer de différentes façons. J’interviens régulièrement dans des émissions et des discussions organisées par des groupes communautaires, des églises et d’autres organismes pour sensibiliser et partager mes connaissances. J’utilise également mon compte TikTok lorsque j’en ai l’occasion pour parler de parentalité et de santé mentale aux parents.
Mon travail en tant que consultante en santé mentale en milieu scolaire me permet aussi d’établir des liens précieux avec divers organismes, comme PPE, et avec des parents de différentes communautés. Mon objectif est d’aider à éclairer l’approche parentale et d’accompagner les familles dans la gestion de leur propre santé mentale afin de favoriser une parentalité bienveillante et équilibrée. À chaque occasion qui se présente, je suis toujours prête à dire oui avec plaisir, car partager mes connaissances et mes expériences fait partie intégrante de mon engagement envers les familles.
Quelles sont les raisons qui motivent votre engagement?
Mon engagement est avant tout guidé par un simple désir d’aider les autres. C’est quelque chose qui me motive naturellement et qui fait partie intégrante de mon travail. Voir les gens autour de moi s’épanouir, surtout lorsqu’ils partent d’une situation difficile, me procure une grande satisfaction.
Bien sûr, mes enfants sont aussi au cœur de mon engagement. Je veux leur offrir un environnement où ils peuvent grandir avec une bonne santé mentale et, un jour, devenir eux-mêmes des parents bienveillants. Mon rôle ne se limite pas à les accompagner dans leur développement, mais aussi à leur transmettre des valeurs qui leur serviront toute leur vie.
Je crois profondément que nos expériences prennent tout leur sens lorsqu’elles sont partagées. Les garder uniquement pour mes enfants serait une richesse limitée, alors qu’en les transmettant à la communauté, elles deviennent une source de transformation collective. Pour moi, il est essentiel de contribuer à la collectivité et à son bon fonctionnement. C’est pourquoi je m’engage auprès d’autres parents pour les encourager à adopter une parentalité bienveillante et à trouver du soutien lorsqu’ils en ont besoin.
Les moments difficiles que nous traversons trouvent un sens lorsqu’ils nous permettent d’aider les autres. Ce que j’ai appris de mes propres épreuves, je le partage aujourd’hui pour que d’autres puissent, à leur tour, avancer avec plus de confiance et de sérénité.
Quels conseils souhaitez-vous donner aux parents de votre communauté?
Être parent, c’est bien plus que répondre aux besoins matériels de son enfant. Ce n’est pas seulement lui acheter des vêtements, lui donner à manger ou l’amener à l’école. C’est aussi veiller à son bien-être psychologique, émotionnel et social. L’enfant grandit en essayant d’équilibrer plusieurs dimensions : physique, mentale, sociale et même spirituelle. Trouver cet équilibre est essentiel.
Un des meilleurs moyens d’y arriver est d’établir un lien de confiance avec nos enfants. Il ne s’agit pas d’être une figure d’autorité stricte, mais plutôt d’adopter une posture ouverte, où la communication est au cœur de la relation. Nos enfants doivent sentir qu’ils peuvent venir vers nous, qu’ils seront écoutés et compris.
Cela est d’autant plus important pour les familles qui vivent entre plusieurs cultures. Les enfants qui grandissent au sein de différentes influences peuvent avoir du mal à trouver un juste équilibre entre leurs origines et leur environnement. En tant que parents, notre rôle est de les soutenir dans cette transition, de leur offrir un espace sécurisant où ils peuvent exprimer ce qu’ils ressentent librement et sans être influencés.
Enfin, un aspect trop souvent négligé : pour bien prendre soin de nos enfants, nous devons aussi prendre soin de nous-mêmes. Être parent n’est pas toujours facile, et il est essentiel de reconnaître nos propres besoins. Un parent épuisé aura plus de mal à accompagner son enfant. Prenez le temps de vous recentrer, écoutez vos propres besoins et rappelez-vous que vous n’êtes pas seul(e) dans ce parcours. Il est difficile d’aider un jeune lorsque l’on traverse soi-même des difficultés. De nombreuses ressources existent pour accompagner les enfants et les adolescent(e)s. N’hésitez pas à demander de l’aide ou à déléguer lorsque c’est nécessaire. Se préserver, c’est aussi mieux soutenir ceux qu’on aime.
Comment votre travail en santé mentale influence-t-il votre approche parentale au quotidien?
Mon travail en santé mentale a eu une influence majeure sur ma façon d’être parent. Chaque jour, je suis exposée à une multitude d’articles, de formations et d’approches thérapeutiques qui me permettent de mieux comprendre la psychologie des enfants et les différentes étapes de leur développement. Je prends en compte ce que la recherche dit sur ces stades, ce qui m’aide non seulement à anticiper certains comportements, mais aussi à normaliser les défis qui viennent avec chaque phase de leur croissance.
Je lis aussi énormément sur la parentalité et, même si je ne mets pas en application toutes les approches apprises de façon stricte, elles me servent souvent de guide, notamment pour orienter certaines discussions à la maison. Parfois, il suffit d’adapter une méthode ou de poser une question différemment pour aider un enfant à s’exprimer plus librement.
Mon travail m’a permis de développer une approche plus réfléchie et bienveillante. Il m’aide à prendre du recul, à mieux accompagner mes enfants et à créer un environnement où ils se sentent écoutés et compris.