Dans notre bulletin de novembre 2022, en collaboration avec notre partenaire le Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario, nous avons le plaisir de vous présenter Amadou Ba, parent de trois enfants qui fréquentent une école francophone du Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO).
Enseignant, historien et personne-ressource, Amadou Ba s’implique dans sa communauté sur plusieurs plans pour unifier la francophonie multiculturelle. Nous désirons souligner son dévouement en tant que parent engagé et passionné.
De quelle façon êtes-vous un parent engagé?
Arrivé dans le nord de l’Ontario depuis 2010, j’interviens dans le milieu éducatif francophone, et ce, par différentes actions.
Après l’obtention de mon baccalauréat en éducation de l’Université Laurentienne et après avoir expérimenté l’enseignement de l’école maternelle à celui des paliers plus élevés, j’ai redirigé mon parcours vers l’université, où je suis actuellement professeur chargé de cours. J’ai choisi cette voie pour me familiariser avec le système éducatif francophone de l’Ontario, ses programmes et son curriculum afin d’agir et de faire partie de la communauté francophone tout entière. Je désirais être enseignant dans le système francophone ontarien pour promouvoir l’ensemble des valeurs canadiennes, dont l’inclusion, la diversité, l’équité et le multiculturalisme.
De plus, je suis membre de plusieurs associations, dont le Réseau du Nord, qui prônent ces belles valeurs d’intégrité. J’agis en tant que personne-ressource qui soutient les familles nouvellement arrivées au Canada et qui leur apporte des conseils. Je suis souvent invité lors de conférences pour parler de mon expérience et de mes savoirs historiques afin de débattre de certains sujets, dont l’histoire du nord du Canada ou le multiculturalisme.
Également écrivain, je publie régulièrement des livres pour les adultes et les plus jeunes sur l’histoire des Noirs au Canada. J’offre aussi des ressources pédagogiques pour la jeune génération afin d’élargir la francophonie du Canada, qui est en constante évolution. Nous savons que 40 % des élèves des écoles francophones des grandes villes canadiennes, notamment Ottawa, Toronto et Montréal, sont issus de l’immigration francophone récente et majoritairement africaine. J’apporte donc ma contribution pour diversifier le programme afin de répondre aux besoins de tous dans le but de contribuer à bâtir une francophonie plus inclusive.
Quelles sont les raisons qui motivent votre engagement?
Trois grandes raisons motivent mon engagement :
- Mon histoire et mon parcours personnels, soit d’avoir vécu sur trois continents francophones différents, m’ont encouragé à m’engager. Je me suis aperçu que les nouveaux arrivants et les communautés accueillantes du Canada ont besoin d’agir mutuellement, main dans la main, pour rendre l’espace francophone plus accueillant. Les communautés d’accueil ont un rôle essentiel à jouer : celui d’accueillir les nouveaux arrivants au pays. En tant qu’historien de formation, je m’intéresse à la fondation d’une société, aux connaissances que doivent s’approprier les nouveaux arrivants pour mieux s’intégrer dans leur société d’accueil. Je ressens la nécessité de partager avec eux mes connaissances et mon savoir pour qu’ils puissent s’impliquer comme il se doit dans leur communauté.
- Très attaché aux valeurs républicaines et démocratiques, et comprenant que l’école est le milieu d’apprentissage indispensable à la réussite de chaque élève, je réalise grandement le rôle que les enseignantes et enseignants jouent dans la société canadienne. J’ai choisi l’éducation pour accompagner les enfants et les parents dans cette étroite collaboration.
- Je suis conscient que les nouveaux arrivants ont besoin d’être appuyés et épaulés dans ce chemin de vie. C’est une des raisons qui me motivent à faire entendre mes connaissances et mon savoir. Ces familles n’ont parfois pas assez de ressources et de connaissances lorsqu’elles emménagent dans un autre pays. Je me propose d’être leur référent afin qu’elles puissent connaître ce pays d’accueil. Travailler ensemble permet de rendre la société meilleure, plus inclusive.
Quels conseils avez-vous pour les parents?
J’ai plusieurs conseils pour les parents qui arrivent au Canada en provenance de pays francophones.
Le premier conseil que je peux leur adresser est de faire confiance aux écoles francophones du Canada. Le système éducatif francophone ontarien est bon sur plusieurs points :
- L’effectif des élèves en classe est correct; il n’est pas surnuméraire;
- Dans le système éducatif ontarien, des éducatrices et éducateurs appuient les enseignantes et enseignants dans les classes de maternelle et de 1re année. Il y a aussi un personnel formé et qualifié comme intervenants en apprentissage scolaire (IAS) ou pour l’enfance en difficulté de façon plus globale;
- Plusieurs ressources pédagogiques sont disponibles;
- Le personnel enseignant est très bien formé et qualifié.
Notre réflexe nous amène à comparer notre passé au moment présent. Il ne faut pas avoir peur du système éducatif francophone de l’Ontario en se disant que nous sommes dans une province majoritairement anglophone et en déduire que le système francophone minoritaire serait moins efficace. Cela n’est pas exact. J’invite les parents issus de l’immigration à mieux s’engager et à s’impliquer dans le système éducatif francophone pour mieux le connaître et l’apprécier. En participant à la compréhension des bulletins scolaires, aux soirées communautaires et autres activités proposées par l’enseignant(e), nous créons des opportunités de s’intégrer et de vivre la culture franco-ontarienne pour nous et nos enfants. De plus, scolariser ses enfants dans le système francophone ontarien ne veut pas dire qu’il ne faut pas être ouvert à la langue anglaise ou encore à celle des Autochtones. Impliquons-nous!
Le deuxième conseil que je souhaite apporter est de non seulement appuyer ses enfants dans leur réussite scolaire, mais aussi extrascolaire comme la musique, l’art, le sport, etc. Les actions menées des parents font la différence chez l’enfant. C’est très motivant de voir les enfants issus de l’immigration participer et réussir dans le monde des sports ou de la musique, pour ne nommer que ces exemples. Les nouveaux arrivants impliqués font partie du rayonnement du Canada en contribuant à son image multiculturelle à l’international. L’enfant a beaucoup de talents : il suffit de le pousser et de le soutenir pour qu’il puisse s’exprimer et rayonner.
Pour suivre ces deux conseils, en tant que parent, vous devez aussi vous prononcer et vous identifier comme Canadien et Canadienne. Il faut que l’enfant sache qu’il est un Canadien, comme tout le monde. C’est important pour lui de s’identifier comme tel pour encourager sa construction identitaire au pays d’accueil afin de réduire le découragement et les pensées négatives d’avoir immigré. Cette étape essentielle nécessite de la conscientisation et du temps afin d’amener l’enfant à s’épanouir dans la communauté franco-ontarienne.
« Ce n’est pas l’étranger qui change le pays d’accueil, c’est le pays d’accueil qui métamorphose / transforme l’étranger »
Amadou Ba
